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Vertige : la bétahistine est-elle vraiment un bon choix ?

Vertige : la bétahistine est-elle vraiment un bon choix ? Vertige : la bétahistine est-elle vraiment un bon choix ?

Ces traitements sont couramment utilisés… mais que disent vraiment les études sur leur efficacité et leur rapport coût-bénéfice? Découvrez la dernière (et rare) évaluation systématique des technologies et des procédures médicales de l'OFSP.

Un rapport d’évaluation des technologies de la santé (ETS), publié par l’Office fédéral de la santé publique (OFSP), s’est penché sur l’efficacité, la sécurité et le rapport coût-bénéfice des traitements par bétahistine et cinnarizine (avec ou sans dimenhydrinate). Ces médicaments sont couramment prescrits pour la maladie de Ménière, les vertiges et les acouphènes. Bien que ces médicaments soient remboursés par l’assurance obligatoire des soins, leur efficacité clinique n’est pas clairement établie. Ce rapport évalue leur efficacité, leur sécurité, leur rapport coût-efficacité et leur impact budgétaire chez les personnes atteintes de la maladie de Ménière, de vertiges ou d’acouphènes.

Dix études ont été trouvées sur les différentes questions grâce à une revue systématique de la littérature scientifique. 

Résultats principaux

  • Bétahistine : comparée à un placebo, la bétahistine prise pendant neuf mois n’a probablement pas ou peu d’effet supplémentaire sur les vertiges et la qualité de vie des patients atteints de la maladie de Ménière.
    ➔ Les données disponibles suggèrent également peu ou pas d’efficacité sur les acouphènes, la perte auditive et les effets secondaires graves.
    ➔ Après trois mois de traitement, les résultats restent très incertains pour d’autres types de vertiges.

  • Cinnarizine : les données sur son efficacité sont très limitées. Après dix semaines, il y a une forte incertitude quant à son effet sur les acouphènes.
    ➔ En revanche, une association cinnarizine + dimenhydrinate administrée pendant quatre semaines semble améliorer les symptômes de différents types de vertiges, sans provoquer d’effets secondaires graves.

Impact économique

  • Le traitement par cinnarizine-dimenhydrinate permettrait d’économiser 1,2 million de francs sur cinq ans, comparé à une absence de traitement.

  • Le coût budgétaire estimé sur cinq ans est de 17,2 millions de francs pour la bétahistine, contre 0,8 million pour la cinnarizine seule.

Autres considérations

Outre l’efficacité et le coût, le rapport évoque des impacts éthiques et sociaux :

  • Les patients souffrant de vertiges ou de la maladie de Ménière peuvent connaître une réduction de leur qualité de vie, un isolement social et une limitation de leur autonomie, notamment en raison de l’interdiction de conduire liée à leur état de santé.

Ce qu’il faut retenir

Les preuves scientifiques restent limitées :

  • La bétahistine pourrait ne pas apporter d’amélioration significative sur les vertiges, les acouphènes ou la perte auditive.

  • La cinnarizine, en association avec le dimenhydrinate, pourrait améliorer les vertiges et est bien tolérée, tout en étant plus économique sur le long terme.


🔗 Pour consulter le rapport complet de l'OFSP :
OFSP - Rapport ETS sur la bétahistine et la cinnarizine