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HAUSSE DES COÛTS DE LA SANTÉ : DES SOLUTIONS EXISTENT !

HAUSSE DES COÛTS DE LA SANTÉ : DES SOLUTIONS EXISTENT ! HAUSSE DES COÛTS DE LA SANTÉ : DES SOLUTIONS EXISTENT !

Les dépenses de santé ont fortement augmenté au cours des trentes dernières années en Suisse et l’on observe un phénomène semblable dans tous les pays développés. Les facteurs qui influencent l’évolution des coûts de la santé sont nombreux ; citons par exemple l’état de santé de la population avec les maladies chroniques et neuro-dégénératives, les nouvelles technologies ou encore, de manière moins marquée, le vieillissement de la population. Aujourd’hui, il serait hasardeux pour d’évoquer une possible diminution des coûts de la santé dans les prochaines années compte tenu de l’évolution démographique. Il serait préférable de viser un ralentissement de l’accroissement des coûts.

L’augmentation de coût ressenti par la population est aujourd’hui d’autant plus forte parce que les primes d’assurances maladies augmentent proportionnellement plus vite que les coûts de la santé. Cette augmentation « asymétrique » est en grande partie liée au virage ambulatoire, phénomène encouragé par la confédération et initié il y a une dizaine d’années dans un but de réduction des coûts, les interventions ambulatoires étant moins onéreuses que celles effectués en milieux hospitaliers. Contrairement au secteur hospitalier ou les coûts sont partagé entre le canton et les assurances, le secteur ambulatoire est intégralement financé par les primes. En conséquence, chaque transfert d’activité vers l’ambulatoire augmente d’autant le montant à charge de l’AOS (100% des coûts). L’effet global est une diminution des coûts totaux, mais une augmentation des primes… Pour remédier à cette augmentation injustifiée des primes, une réforme du financement est nécessaire, actuellement en cours de discussion aux chambres fédérales. L’effet de ce changement de loi serait immédiat et double : une réduction directe de la prime vue que les assureurs ne seraient plus le seul financeur, mais surtout une augmentation des primes dans les années suivante en lien avec celle des coûts globaux, donc moins importante qu’aujourd’hui.

Actuellement, les primes d’assurances maladies frappent durement les ménages suisses. Elles représentent une charge significative dans leur budget qui a nécessité la mise en place d’une politique de subside cantonal dont la proportion d’aide fluctue en fonction des cantons, aux alentours de 33% des ménages à Genève !

Ainsi, l’augmentation annuelle des primes d’assurances maladie est liée à deux facteurs qu’il convient de bien séparer. D’un côté, une augmentation liée au fameux virage ambulatoire qu’il convient de régler par une nouvelle loi et de l’autre côté, un accroissement proportionnel aux coûts globaux en raison des facteurs précités. S’il est illusoire de vouloir imaginer une réduction voire une stabilisation des coûts, il est en revanche envisageable d’en limiter son augmentation. Parmi les différentes mesures qui peuvent être misent en place, les changements organisationnels de notre système de santé semblent être une « innovation » qui révèle un potentiel d’économie non négligeable. Il permettrait de limiter le gaspillage – estimé à 30% des coûts du système de santé, révélateur de notre système de santé fractionné et peu coordonné.

Plus grand réseau de médecins ambulatoires de Suisse romande, le Réseau Delta s’engage à lutter contre les soins inappropriés. Grâce à son organisation, il permet de réduire les primes d’assurance maladie d’environ 15%. Depuis 30 ans, le Réseau Delta, s’efforce d’améliorer la qualité du système de santé suisse en plaçant le médecin de famille au cœur de l’accompagnement des patients et en s’intéressant aux thèmes du raisonnement clinique («clinical reasoning»), de l’interprofessionnalité et de la relation entre les soignants et les patients. Ces thèmes sont abordés dans des Cercles de Qualité qui se sont avérés être une méthode efficace pour modifier et améliorer la qualité des soins. Dans ce cadre, plusieurs spécialistes du secteur de la santé se réunissent en un petit groupe structuré afin de partager ouvertement leurs expériences, d’acquérir de nouvelles connaissances et de les mettre à profit. Le Réseau Delta va encore plus loin: les médecins membres du réseau sont disposés à remettre constamment en question leur pratique médicale afin d’améliorer la qualité de leur traitement, en tenant compte des critères EAE (efficacité, adéquation et économicité) dans leurs décisions thérapeutiques, en sensibilisant leurs patients à la surmédicalisation et les soins inappropriés dans le système de santé suisse et en leur donnant la faculté de participer à la prise de décision sur des questions importantes concernant le traitement.

Le système de santé suisse est performant en comparaison internationale. L’Observatoire européen des systèmes et politiques de santé (2015) évoque un système de santé de qualité qui répond aux besoins de la population avec un réseau dense de prestataire et une excellente accessibilité.

Les prochaines années représentent un challenge pour notre système de santé qui va devoir supporter une augmentation inéluctable de ses coûts. Maintenir un système de santé de qualité et qui répond au besoin de la population nécessite en premier lieu une réflexion en profondeur de son organisation, principal levier pour limiter l’augmentation des coûts. Différentes pistes peuvent être évoquées, les plus avisées en lien avec l’interprofessionalité et la coordination entre les différents prestataires pour réduire la fragmentation de notre système, source d’immense gaspillage. Une réforme du financement serait un atout pour stimuler cette dynamique. En l’absence de changement, le risque de rationnement est réel eu égard aux dernières propositions de nos politiques en la matière – budget global, limitation des cabinets. Des choix sociétaux courageux que personne ne désire faire seront alors nécessaire.